Il est une église à Paris...

Les anges, adorateurs du Père, chargés de mission auprès des hommes, redoublent d'activité avec la venue du Verbe de Dieu sur la terre.
S'il est un temple à Paris où les anges sont à l'honneur, c'est bien l'église Notre-Dame du Val-de-Grâce et de la crèche, voulue par Anne d'Autriche en accomplissement de son voeu "d'élever à Dieu un temple magnifique s'il lui envoyait un enfant." La première pierrre en fut posée le 1er avril 1645 par Louis Dieudonné, futur Louis XIV, né sept ans auparavant.
En 1669, dans un poème qui compte autant de vers qu'une année bissextile, Molière célèbre le nouvel édifice :
"Digne fruit de vingt ans de travaux somptueux,
Auguste bâtiment, temple majestueux,
Dont le dôme superbe élevé dans la nue,
Pare du grand Paris, la magnifique vue..."
La vision théologique qui soutient la conception de l'église du Val de Grâce est centrée sur l'Incarnation qu nous ouvre les portes du ciel.
Dans sa dimension horizontale, est évoquée la marche de l'histoire. Les sculptures de la voûte de la nef récapitulent l'Ancienne Alliance (les parents de la Vierge Marie et de saint Jean Baptiste) et débouchent sur la venue du Messie. La naissance de Jésus est illustrée, dans le choeur, par les statues du maître-autel (qui constituent une crèche permanente) et la Bonne Nouvelle du salut qu'il apporte par quatre médaillons représentant les évangélistes. La chapelle du Saint Sacrement (derrière le maître-autel) par l'intermédiaire des médaillons des quatre Pères latins (Saint Ambroise, saint Augustin, saint Jérôme et saint Grégoire) manifeste le cheminement de l'Eglise.
Dans sa dimension verticale, la fresque de la coupole (peinte par Pierre Mignard) signifie que cette marche de l'Ancienne Alliance à la Nouvelle Alliance (c'est à dire l'Eglise), par l'Incarnation, nous ouvre la gloire du ciel que nous sommes appelés à partager avec la Vierge Marie et tous les saints si nous essayons de conduire notre vie selon les vertus qui furent les leurs. Dix-huit vertus sont représentées sur les arcades qui unissent les pilastres.
Et partout des anges (douze rien que sur le baldaquin qui surplombe l'autel) qui chantent l'Incarnation. Les anges peuplent avec raison nos églises, car ils sont présents à tous les moments importants de la vie de Jésus :
a.. Annonciation à Zacharie alors qu'il accomplit son ministère sacerdotal dans le Temple.
b.. Annonciation à la Vierge Marie dans sa maison.
c.. Annonciation à saint Joseph troublé par la découverte de la maternité de sa fiancée.
d.. Annonciation aux bergers se trouvant dans les champs à veiller leurs troupeaux.
e.. Annonciation à saint Joseph des menaces de mort qui pèsent sur le nouveau-né.
f.. Annonciation de la possibilité de rentrer au pays après la mort d'Hérode.
g.. Les anges s'approchent et servent Jésus après que le diable eut vainement tenté de le séduire.
h.. Un ange vient réconforter Jésus en agonie au jardin des oliviers.
i.. Annonciation à Marie-Madeleine et à l'autre Marie de la Résurrection du Christ.
Et n'oublions pas que depuis sainte Jeanne d'Arc, nous avons grande joie en France à considérer l'archange saint Michel (qui se trouve en bonne place dans la fresque de Mignard) comme l'ange protecteur de notre nation.

d'après l'ouvrage de l'abbé Pierre Molin
"Sainte Vierge Marie
Saints et saintes de Dieu"

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